Mexique : Tijuana, le plus dur commence pour la caravane des migrants.


Près de 3 000 personnes de la caravane des migrants centraméricains arrivent à Tijuana, ville frontalière des Etats-Unis au Mexique, après avoir parcouru plus de 4 000 kilomètres. Leur périple touche à sa fin, mais le plus dur reste à venir, franchir la frontière pour arriver à destination. Une dernière étape qui risque bien d'être longue.



Depuis quelques jours, les migrants campent au centre sportif Benito Juarez, à quelques dizaines de mètres à peine du mur qui les sépare des Etats-Unis. Pour beaucoup, l’arrivée a été rude car la ville de Tijuana manque de ressources pour les accueillir. Les migrants dorment sous des tentes de fortune, mangent mal et sont peu équipés pour affronter le froid du nord du pays.
Tous sont désormais conscients que les démarches d’asile peuvent durer des mois, car le poste-frontière est saturé de demandes. Leur première urgence est donc de trouver du travail à Tijuana pour pouvoir améliorer leur vie quotidienne. Une situation plus stable, qui pourrait aussi faire office de plan B si leur demande d’asile venait à échouer.
En face, les autorités américaines, qui semblent redouter un passage en force, ont renforcé la frontière à l’aide de barbelés et de barrières en métal. Lundi 19 novembre 2018, elles ont fermé le poste-frontière de San Ysidro, entre Tijuana et San Diego, pendant plusieurs heures pour le renforcer. L'administration américaine accuse les migrants d'avoir causé des perturbations volontaires à la frontière.
L'accusation a été réfutée par les ONG sur place à Tijuana. Mais ce n'est que le dernier d'une série de messages hostiles aux migrants. Dimanche déjà, un petit groupe de manifestants avait bruyamment réclamé le départ de la caravane de Tijuana. Quelques jours plus tôt, le maire de la ville lui-même accusait la caravane de menacer la paix et la sécurité de l'endroit.
Pour Alex Mensing, de l'ONG Pueblo Sin Fronteras, l'attitude du président américain alimente ces comportements. « Je n'avais encore jamais vu ça à un tel niveau, dit-il. Les politiques de Trump ont généré un sentiment de permission. Les gens se sont sentis autorisés à mener des actions anti-migrants. »
Pour une grande partie des migrants, c’est donc très clair : pas question de ruiner tous les efforts de leur voyage par une tentative de passage illégal qui finirait par une expulsion. Ils prendront leur mal en patience. L'accueil mitigé de la population locale a surpris des personnes.
C'est le cas de Vilma Bueso, une Hondurienne de 40 ans. « On était beaucoup à s'attendre à un accueil différent, nous confie-t-elle. La majorité de la caravane sont des familles, qui viennent ici chercher un futur meilleur. Comment est-ce possible qu'une grande ville comme ça, connue pour son soutien aux migrants, nous reçoive de cette manière ? »

Comments