Santé : 7 choses à ne pas faire après un traumatisme crânien.


Maux de tête, vertiges, perte de mémoire… Les symptômes d'un traumatisme crânien sont bien connus. Mais les erreurs qui retardent la guérison du cerveau sont nombreuses.
On vous explique ce qu'il ne faut pas faire, avec les commentaires du Dr Jean-François Chermann, neurologue spécialiste des commotions cérébrales.


Un choc violent à la tête peut mettre le cerveau à rude épreuve. S'il se déplace trop brutalement dans la boîte crânienne, cet organe peut souffrir de blessures. Rarement visibles, elles n'en provoquent pas moins des symptômes douloureux.
"Dans la plupart des cas, la victime ne perd pas connaissance, mais est un peu sonnée sur le coup, peut souffrir de troubles de la mémoire, de vertiges ou voit double", liste le Dr Jean-François Chermann.
Cet ensemble de signes porte un nom : la commotion cérébrale, un traumatisme crânien léger mais pas anodine. Chaque année, on recense plus de 200 000 blessures de ce type. Pas toujours sévères, elles nécessitent quelques mesures de précautions pour laisser au cerveau le temps de guérir.

Oublier de se reposer

Le repos, physique et intellectuel, est essentiel à la bonne guérison du cerveau après une commotion cérébrale. "On rentre chez soi accompagné  sans conduire  et on se repose, tranche le Dr Chermann. L'idéal, c'est d'avoir un arrêt de travail ou de ne pas aller à l'école pendant 48 heures, parce qu'on a mal à la tête, on est fatigué, on a du mal à réfléchir."
Il arrive que les traumatismes crâniens s'accompagnent d'une somnolence. Ce symptôme doit alerter sur la possible présence d'un hématome bien que cela reste rare.
Mais le plus souvent, une insomnie se développe après le choc. La traiter à l'aide de benzodiazépines (Valium®, Lexomil®, Xanax®, etc) est strictement interdit. D'autant qu'elle régresse généralement en quelques jours. Des nuits complètes sont donc conseillées, tout comme des siestes en journée.


Trop faire travailler son cerveau

"Après la commotion, on observe un syndrome post-commotionnel, qui se caractérise par des maux de tête, une fatigue et des troubles intellectuels essentiellement, explique le spécialiste des traumatismes crâniens. Des troubles du sommeil, du caractère ou de l'humeur peuvent apparaître 24 à 48 heures après le choc."
C'est pourquoi, au cours de cette période, il est recommandé d'épargner des efforts trop intenses à son cerveau. Rattraper son travail en retard, faire ses devoirs, jouer aux jeux vidéo ne sont que quelques exemples des mauvaises habitudes à ne pas prendre. Les abandonner est d'autant plus facile que, le plus souvent, se concentrer pose problème.
La règle, face à une commotion, c'est d'y aller en douceur. "Les activités intellectuelles, quand elles sont faites doucement, se passeront bien, souligne Jean-François Chermann. Mais on ne parle pas forcément d'un repos au lit. On peut faire des choses, mais calmement."


Faire du sport tout de suite

La pire erreur, après une commotion, consiste à continuer ou reprendre le sport immédiatement. "50 % des victimes poursuivent leur activité, alors qu'elles risquent de souffrir d'une nouvelle blessure ou de prolonger leurs symptômes dans le temps", déplore le neurologue.
Dans des cas très rares, une complication grave peut même se produire : le syndrome du second impact, chez les moins de 20 ans. "Il est heureusement rarissime, mais il peut entraîner un œdème ou un hématome cérébral, voire un décès", indique le Dr Chermann.
Une fois passée la phase de repos, l'activité physique peut reprendre. Mais par paliers, et en respectant un ordre précis. D'abord, attendre que les symptômes de la commotion soient passés. Ensuite, reprendre petit à petit le sport, en commençant par des activités douces.
"On fait du vélo, puis de la course en montant progressivement l'intensité, puis de la musculation et on finit par reprendre l'activité qui a causé la blessure", explique Jean-François Chermann. Une visite de contrôle chez le neurologue est, bien sûr, recommandée.


Porter un casque pour le sport

Que ce soit pour le ski, le rugby ou la boxe, les casques de protection se multiplient. Mais les porter n'est pas une garantie de protection. Ils peuvent même poser problème après une commotion cérébrale.
"Mettre un casque dans le rugby n'a aucun intérêt : le joueur se pense protégé alors que ce n'est pas le cas", souligne le neurologue. Le problème, c'est que de nombreux sportifs amateurs se sentent à l'abri d'une seconde blessure. Ainsi, aux Etats-Unis, le nombre de commotions dans le cadre du ski a augmenté de 20 % depuis l'obligation du port du casque sur les pistes.


Prendre des antidouleurs

Soulager les douleurs associées au traumatisme crânien n'est pas chose facile. Car les antidouleurs habituels ne doivent surtout pas être pris. "En cas de mal de tête, il ne faut pas donner du paracétamol, de la codéine ou des dérivés morphinique, indique le spécialiste des commotions. Cela peut aggraver le mal de tête, voire le rendre chronique."
Les anti-inflammatoires et l'aspirine peuvent aussi être déconseillés s'il existe un risque de saignement intracrânien – mais ceux-ci restent rares. Pour apaiser les symptômes, la méthode la plus simple reste la plus sûre.
"On se repose et on met du froid sur la tête, recommande le Dr Jean-François Chermann. Les gens doivent comprendre qu'ils présenteront des signes qui dureront le plus souvent quelques jours."


Ne pas manger correctement

Le traumatisme crânien a tendance à modifier l'appétit en l'augmentant ou en le réduisant. Continuer à manger correctement est important. En revanche, aucune recommandation spécifique n'existe sur les aliments à privilégier.
En revanche, une contre-indication absolue existe. "L'alcool ne doit pas être pris tant que la commotion n'a pas disparu, martèle le neurologue. Il risque d'augmenter les maux de tête et la fatigue, et l'ivresse sera plus forte."

Se mettre au volant

Dernière chose à ne pas faire : prendre le volant après une commotion cérébrale. En effet, la fatigue, les troubles de l'attention et la somnolence, souvent observés chez les patient·e·s, peuvent induire des accidents.
C'est pourquoi il est très important de bénéficier d'un accompagnement juste après le choc. Tant que les symptômes de la commotion persistent, il est recommandé de se faire conduire plutôt que de piloter soi-même son véhicule.

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